En 2025, la mobilité mondiale a atteint des sommets sans précédent. L'obtention d'un deuxième passeport – que ce soit par investissement, naturalisation ou d'autres moyens – est devenue un outil courant pour assurer sa sécurité, la liberté de mouvement et de nouvelles opportunités. Cependant, dans le contexte d'obligations militaires persistantes dans un certain nombre de pays, ainsi que d'une situation internationale complexe, une question logique se pose pour beaucoup : comment la possession d'une double nationalité affecte-t-elle les obligations envers son pays d'origine en matière de service militaire ? Le sujet est entouré de nombreuses rumeurs et idées fausses. Il est temps de séparer les mythes de la réalité et de comprendre comment cette question est réellement réglementée.
Comment le service militaire est-il réglementé dans différents pays ?
Les approches du service militaire varient considérablement à travers le monde. Dans des pays comme la Suisse, l'Autriche, la Finlande, Singapour ou la Corée du Sud, le service militaire obligatoire reste en vigueur pour certaines catégories de citoyens (souvent les hommes). Dans d'autres États, par exemple, l'Allemagne, la Suède, la France ou l'Espagne, le système de conscription a été aboli, et l'armée est composée sur une base professionnelle et contractuelle. Certains pays, comme la Turquie ou la Grèce, ont un système mixte avec des durées de service obligatoire réduites et une forte composante contractuelle. Il est important de noter que la législation évolue constamment : en 2025, un certain nombre de pays d'Europe de l'Est continuent de discuter de réformes visant à optimiser ou à réduire les durées de service.

Cas de double nationalité et conscription militaire
La situation pour les détenteurs de deux passeports peut être complexe et dépend de la législation des deux États. Il n'existe pas de règle universelle.
- Priorité de la résidence et de la localisation effective : Souvent, le facteur clé est le lieu de résidence permanente et la localisation physique de l'individu. Le pays où le citoyen réside en permanence a généralement le droit prioritaire d'exiger l'accomplissement des obligations militaires. Par exemple, un citoyen russe résidant en permanence au Portugal (où il n'y a pas de conscription) ne sera probablement pas convoqué en Fédération de Russie s'il ne retourne pas dans le pays pour une longue durée. Cependant, juridiquement, son obligation envers la Fédération de Russie demeure.
- Priorité du pays d'origine (première nationalité) : Certains pays, notamment ceux ayant conservé un système de conscription (par exemple, la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie), considèrent que leurs citoyens sont tenus de servir, indépendamment de la possession d'un deuxième passeport. Pour eux, le fait d'obtenir une autre nationalité en soi ne supprime pas l'obligation de service militaire. L'évitement du service peut entraîner une responsabilité pénale au retour.
- Priorité du pays de la deuxième nationalité : Plus rarement, il existe des situations où le pays de la deuxième nationalité exige l'accomplissement du service militaire de ses nouveaux citoyens, surtout s'ils y résident. Par exemple, Israël appelle au service les nouveaux repatriés dans le cadre de la Loi du Retour.
- Conventions contre la double imposition ≠ Conventions sur les obligations militaires : Il est important de comprendre que les accords entre pays sur l'évitement de la double imposition NE réglementent PAS les questions d'obligations militaires. Les traités internationaux spéciaux qui suppriment complètement les obligations de service pour les doubles nationaux sont extrêmement rares.
Mythes vs Réalité
Mythe 1 : Un deuxième passeport exempte automatiquement du service militaire dans le pays de la première nationalité.
Dans la plupart des cas (surtout dans les pays de la CEI), ce n'est PAS vrai. La possession d'un deuxième passeport est un statut juridique, mais il annule rarement, à lui seul, les devoirs constitutionnels envers le premier État, y compris le service militaire.
Mythe 2 : Si je vis à l'étranger, je ne peux pas être conscrit.
La présence physique à l'étranger est effectivement le principal facteur d'évitement de facto de la conscription. Cependant, l'obligation de jure demeure souvent. Le retour dans le pays, surtout pour une longue période ou upon atteignant l'âge de conscription, peut activer la procédure de conscription. Les pays peuvent imposer des restrictions à ceux qui n'ont pas servi (par exemple, pour la fonction publique, les voyages).
Mythe 3 : Il suffit de simplement se désinscrire (radier) du registre dans le pays d'origine.
La radiation du registre de résidence N'EST PAS équivalente à une radiation des registres militaires et n'annule pas la nationalité ou les obligations qui y sont liées. Elle ne fait que constater le fait de vivre en dehors du pays. Le recensement militaire est souvent tenu séparément.
Mythe 4 : Le pays de la deuxième nationalité me protégera de la conscription dans mon pays d'origine.
Les missions diplomatiques du pays de la deuxième nationalité n'interviennent généralement pas dans les questions d'accomplissement des obligations militaires envers un autre État dont la personne est également citoyenne. Leur aide se limite à la protection consulaire dans le cadre des lois du pays hôte.
Mythe 5 : S'il n'y a pas d'armée ou de conscription dans le pays de la deuxième nationalité, alors le premier pays me laissera tranquille.
L'absence d'obligation de service militaire dans un pays n'affecte pas son existence et sa réglementation dans l'autre pays de nationalité. Les obligations envers chaque État sont déterminées par sa législation interne.

Conseils pour les détenteurs d'un deuxième passeport
Étudiez en détail la législation des DEUX pays :
- Déterminez clairement le statut du service militaire (existe/n'existe pas, conscription/contrat) dans votre pays de première nationalité et dans le pays de la deuxième nationalité.
- Renseignez-vous sur la manière dont chaque pays traite ses citoyens résidant à l'étranger. Consultez des sources officielles (lois, décrets gouvernementaux, sites des bureaux de recrutement/ministères de la défense).
Clarifiez votre statut de recensement militaire dans votre pays d'origine :
- Si vous êtes parti, renseignez-vous sur la procédure correcte pour vous radier des registres militaires (si c'est prévu) ou obtenir un statut exemptant/ajournant le service pour les citoyens résidant en permanence à l'étranger (si un tel statut existe). Cela nécessite souvent une comparution personnelle ou le traitement de documents via le consulat.
Documentez le fait de votre résidence permanente à l'étranger :
- Ayez sous la main des documents confirmant votre statut de résidence (titre de séjour/carte de résident/preuves de résidence de longue durée), votre travail, vos études, le paiement des impôts dans le pays de résidence. Cela peut être nécessaire lors de contacts avec les autorités du pays d'origine.
Soyez prudent quant aux retours :
- Avant un voyage planifié dans le pays où vous conservez des obligations militaires, surtout pour une longue durée, vérifiez les règles actuelles pour les citoyens résidant à l'étranger. Vérifiez si vous avez atteint l'âge de conscription ou si vous avez perdu le droit à un ajournement.
Consultez des avocats spécialisés :
- Dans des situations complexes ou ambiguës (surtout si vous prévoyez de retourner dans votre pays d'origine ou d'y faire des affaires), consulter un avocat spécialisé en droit des migrations et droit militaire du pays spécifique est crucial. Il vous donnera des conseils actualisés basés sur votre situation personnelle et les derniers changements législatifs (particulièrement pertinent en 2025).
Conclusion
Posséder un deuxième passeport est un outil puissant, mais ce n'est pas une "baguette magique" qui supprime automatiquement toutes les obligations envers la patrie, y compris le service militaire. La réalité est que les obligations de service militaire avec une double nationalité sont réglementées par un enchevêtrement complexe des législations de deux États et dépendent souvent du facteur de la résidence permanente. L'essentiel est de ne pas compter sur les mythes, mais d'agir sur la base d'informations précises, d'une étude approfondie des lois et, si nécessaire, de conseils juridiques professionnels. Une approche responsable de cette question est la clé de la tranquillité d'esprit et de l'absence de mauvaises surprises à l'avenir.