Nauru est le plus petit État insulaire du monde, avec une superficie de seulement 21 km², situé dans la partie occidentale de l’océan Pacifique. Aujourd’hui, ce pays peuplé d’environ 10 000 habitants est confronté à un ensemble de défis uniques qui remettent en question son avenir. Les conséquences historiques de l’extraction du phosphate, les menaces du changement climatique et la rareté des ressources créent une situation complexe nécessitant des solutions innovantes.
Menaces économiques et climatiques : un double coup porté à l’île
Nauru fait partie des pays les plus vulnérables au changement climatique mondial. Selon les prévisions scientifiques, d’ici 2100, la montée du niveau de la mer pourrait rendre jusqu’à 80 % du territoire de l’île inhabitable. Déjà aujourd’hui :
- L’érosion côtière fait reculer jusqu’à 1 mètre de terre par an
- L’acidification des océans détruit les récifs coralliens — barrière naturelle de l’île
- La fréquence accrue des cyclones tropicaux menace les infrastructures
- La salinisation des sols et des eaux souterraines réduit le potentiel agricole

Les problèmes économiques ne sont pas moins graves. Après la fermeture de la majorité des mines de phosphate, le pays a perdu sa principale source de revenus. Aujourd’hui, Nauru est confronté à :
- Un taux de chômage de 23 %
- Une dépendance alimentaire critique (90 % des produits sont importés)
- Un taux élevé de maladies (40 % de la population souffre de diabète)
- De faibles perspectives de diversification économique
La malédiction du phosphate : de la richesse à la catastrophe écologique
L’histoire économique de Nauru est un exemple édifiant de la « malédiction des ressources ». Dans les années 1960–1970, le pays avait le PIB par habitant le plus élevé du monde grâce à l’exploitation du phosphate. Mais la mauvaise gestion de cette richesse a conduit à une catastrophe.
Période de prospérité (1968–1989) :
- 90 % du territoire consacré à l’extraction
- Une économie entièrement dépendante du secteur du phosphate
- Un salaire moyen supérieur à celui de l’Australie
- Absence d’impôts et logement gratuit pour les citoyens
Conséquences écologiques :
- 80 % des terres transformées en « paysage lunaire »
- 90 % de la végétation détruite
- Pollution des nappes phréatiques
- Perte importante de terres agricoles
Aujourd’hui, l’extraction se poursuit à une échelle réduite. Les réserves restantes sont estimées à 20–30 millions de tonnes, ce qui suffira jusqu’en 2030–2035 au rythme actuel.
Stratégie de développement durable : un plan pour sauver l’île
Le gouvernement de Nauru a élaboré un programme complet de développement durable à l’horizon 2030, structuré autour de plusieurs axes clés.
Restauration écologique
- Réhabilitation de 50 % des terres dégradées d’ici 2030
- Création de sols artificiels à base de compost et d’hydrogels
- Plantation de cultures tolérantes au sel (cocotiers, pandanus)
Transition énergétique
- Objectif de 70 % d’énergies renouvelables d’ici 2030
- Installation de panneaux solaires d’une capacité de 10 MW
- Construction d’un parc éolien de 5 MW
Diversification économique
- Développement de la pêche offshore (licences pour les navires)
- Création d’un centre de données (grâce au climat frais)
- Développement de l’écotourisme (plongée, observation des oiseaux)
- Services financiers pour la région Pacifique
Programme de citoyenneté par investissement : financer l’avenir
En 2023, Nauru a lancé une version modernisée de son programme de citoyenneté économique, destiné à attirer des investissements pour le développement durable. Caractéristiques principales :
- Contribution minimale : 140 000 $ au fonds national
- Traitement accéléré des demandes (3–4 mois)
- Inclusion possible des membres de la famille
Répartition des fonds :
- 40 % — réhabilitation des terres
- 30 % — énergie verte
- 20 % — santé et éducation
- 10 % — développement des infrastructures
Le programme comporte des contrôles stricts :
- Entretien obligatoire
- Vérification des sources de revenus
- Lutte contre le blanchiment d’argent
- Suivi de l’utilisation des fonds
Coopération internationale : à la recherche de soutien
Nauru développe activement des partenariats pour faire face à ses défis.
Initiatives multilatérales :
- Participation au Forum des îles du Pacifique (agenda climatique)
- Membre de l’Alliance des petits États insulaires
- Programme du Fonds vert pour le climat de l’ONU (50 millions $ alloués)

Projets bilatéraux :
Avec l’Australie :
- Financement d’un système de dessalement (20 millions $)
- Programme de formation professionnelle
- Modernisation des infrastructures portuaires
Avec la Chine :
- Construction d’une centrale solaire
- Modernisation de l’aéroport international
- Formation de spécialistes en informatique
Avec l’Union européenne :
- Programme « Pêche durable » (15 millions $)
- Assistance technique à la création d’une « ville intelligente »
- Subventions pour le développement de l’agriculture biologique
Conclusion : un chemin difficile vers la durabilité
L’avenir de Nauru représente un choix délicat entre devenir un exemple de transformation réussie ou un avertissement pour d’autres petits États insulaires. Malgré sa taille modeste, le pays affiche de grandes ambitions traduites en plans concrets.
Ces plans incluent la réhabilitation de 50 % des terres dégradées d’ici 2030, la création de 2 000 nouveaux emplois, la réduction de la dépendance alimentaire à 60 % et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050.
La réussite de ces objectifs repose sur trois conditions essentielles. La première : le succès du programme de citoyenneté économique. La deuxième : le soutien des partenaires internationaux. La troisième, tout aussi cruciale : l’unité du peuple nauruan.
Le président du pays a déclaré que, même si l’on ne peut changer le passé, construire un avenir meilleur reste entre leurs mains. L’histoire de Nauru montre un principe fondamental : surmonter les plus grandes crises écologiques et économiques est possible.
Cela nécessite de l’innovation, une gestion durable des ressources et une coopération internationale active — c’est le chemin que Nauru s’efforce de suivre.